Apprendre aux enfants à déjouer les pièges des applications et des sites Web « addictifs »

CaptureWishbone2016-02-09Connaissez-vous l’application Wishbone, pour smartphones ? Elle permet de réaliser des mini-sondages, photos à l’appui, et de les envoyer à ses amis : préfères-tu cette robe sur cette actrice ou sur celle-ci ? tu préfères les chips classiques ou les chips mexicaines ? etc.

En quelques mois, cette application a déjà séduit trois millions d’Américains, essentiellement des jeunes filles de 13 à 20 ans. Certaines se réveillent même la nuit pour vérifier leur popularité sur ce nouveau réseau social…

Les concepteurs de cette application sont partis d’un constat très simple : aux Etats-Unis, les 13-20 ans passeraient pas loin de 6 heures par jour sur leur téléphone (en France, les 16-30 ans ne restent « que » 2,2 heures par jour sur leur téléphone), dont « seulement » 2 heures sur des applications.

Ils se sont dit qu’ils pouvaient augmenter cette proportion avec une application utilisant une vieille astuce, mise au point par les sites Web pour retenir le plus longtemps possible leurs visiteurs : les sondages. Les Internautes en raffolent. Ils sont en effet prêts à consacrer beaucoup de temps à répondre à des questions fermées à choix binaire et voir s’ils ont « gagné », c’est-à-dire s’ils ont voté comme la majorité des personnes.

Et pour ferrer ces adolescents et ces jeunes adultes, les concepteurs de Wishbone emploient une autre technique, tout aussi « addictive »  : ils leur envoient une « push notification », une alerte qui s’affiche sur l’écran de leur téléphone, même si celui-ci est en veille, dès qu’un de leurs amis a répondu à un de leurs sondages ou a créé le sien.

En moyenne, les abonnés de Wishbone reçoivent ainsi dix notifications quotidiennes, mais certains sont invités à se connecter jusqu’à 100 fois par jour ! Pas étonnant, dans ces conditions, que quelques jeunes filles se relèvent au milieu de la nuit !

Wishbone, bien sûr, constitue un exemple extrême. Mais il est révélateur de l’objectif poursuivi par la plupart des services disponibles sur les smartphones : capter notre attention pour nous inviter à venir sur leur site ou à ouvrir leur application, nous y faire passer le plus temps possible, ce qui leur permet de nous exposer plusieurs fois à des publicités… (lire l’article que j’ai publié sur ce sujet dans le quotidien Les Echos la semaine dernière : Peut-on nous rendre plus accro au Web ?).

CaptureLesEchos2016-02-09

Voilà un des pièges que nous devrions expliquer, nous parents, à nos enfants avant de leur offrir un smartphone. Sinon, ils risquent de se faire manger tout crûs par ces machines, fabuleuses, mais dévoreuses de temps, si l’on n’a pas acquis quelques réflexes salvateurs avant de s’en servir.

Faut-il faire passer un permis de smartphone aux enfants, pourrions-nous nous demander, en étant un brin provocateur ?

Encore plus provocateur : ne faudrait-il pas d’abord faire passer aux parents un « permis de donner un smartphone à son enfant » ? Avant de l’obtenir, les parents devraient suivre une petite formation attirant leur attention, entre autres, sur les stratégies mises en place par les acteurs du numérique pour rendre petits et grands « accros » à leur smartphone ?

Cette sensibilisation à cette politique de l’« addiction by design » (comment concevoir, dès le départ, un produit, un service ou une application qui rendra « addict »…) est en tout cas un des objectifs que je poursuivrai en 2016 au cours de mes conférences devant les enfants et les adultes.

Jacques Henno

À partir de quel âge peut-on laisser les ados s’inscrire sur les réseaux sociaux  ?

CaptureLaCroix2016-01-06J’ai été interviewé par Paula Pinto Gomes, du journal La Croix, sur l’âge à partir duquel les parents peuvent laisser leurs enfants s’inscrire sur les réseaux sociaux.

Pour moi, la vraie question est : à partir de quel âge peut-on donner un smartphone à son enfant ?

Très souvent, c’est en effet la mise à disposition de cet outil qui permet aux enfants de s’inscrire sur un ou plusieurs réseaux sociaux. 

La remise d’un smartphone devrait constituer un véritable rite de passage dans nos sociétés modernes : donner un téléphone à son enfant précipite ce dernier dans l’âge adulte.

Or un rite de passage est généralement destiné à donner du sens à un moment de la vie d’un individu, à le rassurer face aux nouvelles responsabilités qui l’attendent, à lui transmettre symboliquement des clés de compréhension…

Pour bien faire, les parents ne devraient donc pas se contenter de donner un téléphone à leurs enfants, mais prendre le temps de parler avec lui des bouleversements que cet outil de communication va introduire dans sa vie, des stratégies – destinées à accaparer son attention et son temps – adoptées par toutes les applications (réseaux sociaux, messageries, jeux…) que l’enfant va pouvoir installer sur son appareil, etc. Bref, les parents doivent accompagner leur enfant dans la découverte de son smartphone, lui donner un mode d’emploi…

 http://www.la-croix.com/Famille/Actualite/A-partir-de-quel-age-peut-on-laisser-les-ados-s-inscrire-sur-les-reseaux-sociaux-2015-12-29-1397994

 À lire : 

Facebook et vos enfants Guide pratique – Les 45 questions à se poser absolument

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Ce matin sur Sud-Radio pour parler de l’interdiction des réseaux sociaux aux moins de 16 ans

CaptureSudRadio2015-12-18J’ai répondu ce matin sur Sud-Radio aux questions de Dimitri Pavlenko : à quel âge faut-il autoriser son enfant à ouvrir un compte sur un réseau social ?



Il n’existe pour l’instant aucune législation française ou européenne interdisant à un mineur de s’inscrire sur un réseau social. Mais les réseaux sociaux les plus utilisés par les enfants et les adolescents français (Facebook, Twitter, Snapchat, Instagram, WhatsApp) étant tous américains, ces sites Web ou applications respectent les lois de Washington et en particulier la loi COPPA (Children’s Online Privacy Protection Act), très contraignante pour les sites qui accepteraient des enfants de moins de 13 ans. C’est pourquoi la plupart de ces réseaux refusent les moins de 13 ans : 


Réseaux interdits aux moins de 13 ans :



Réseaux interdits aux moins de 16 ans :

En Europe, les choses pourraient changer prochainement : un « accord informel » (qui doit donc encore être soumis à un vote du Parlement européen) sur la protection des données prévoit en effet que : 
« les enfants en dessous d’un certain âge devront obtenir la permission de leurs parents (« consentement parental ») pour ouvrir un compte sur les médias sociaux tels que Facebook, Instagram ou Snapchat, comme c’est déjà le cas dans la plupart des pays de l’UE aujourd’hui. Les nouvelles règles flexibles assurent que les États membres puissent fixer leurs propres limites à condition qu’elles ne soient pas inférieures à 13 ans ou supérieures à 16 ans, leur donnant ainsi la liberté de conserver celles qu’ils appliquent déjà. »


Les législateurs européens ont en effet estimé que les réseaux sociaux pouvaient poser un certain nombre de problèmes chez les enfants : divulgation de données privées, cyberharcèlement, échange de photos intimes…


Vous pouvez réécouter en podcast  mon intervention de ce matin.

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Et retrouver tous mes conseils dans mon livre Facebook et vos enfants – Guide pratique : les 45 questions à se poser absolument.

Le tabou de l’échec professionnel dû à un système éducatif culpabilisant ?

CaptureLesEchos2015-12-08L’école française, qui sanctionne plus qu’elle n’encourage, constitue-t-elle un frein à la création d’entreprise, en particulier dans le domaine des nouvelles technologies ? J’ai publié ce matin dans le quotidien Les Echos un article sur l’échec professionnel, qui, dans l’Hexagone, demeure largement un tabou. Or cette politique du secret empêche les managers de partager avec leurs pairs les leçons qu’ils ont tirées de leurs « plantages », ce qui constitue un frein à l’innovation et à l’esprit d’entreprise. L’origine de cette pudeur serait à chercher, selon certains, dans un système éducatif culpabilisant…
En savoir plus sur http://www.lesechos.fr/idees-debats/sciences-prospective/021520404778-accepter-lechec-un-defi-pour-les-entrepreneurs-europeens-1182607.php?DOWU17VL9zClQbxE.99

Cet article comporte également un encadré sur les difficultés relationnelles au sein des équipes de fondateurs, une des raisons, souvent tenues secrètes, qui expliquent bon nombre de faillites de start-up. Là encore, notre système éducatif, qui n’apprend pas assez à travailler en équipes, a sa part de responsabilité…
En savoir plus sur http://www.lesechos.fr/journal20151208/lec1_idees_et_debats/021520404900-des-conferences-ou-lon-ne-dit-pas-tout-1182500.php?QGsvvLvzkwLIsdUh.99

 

Ce matin sur Sud-Radio pour commenter un sondage : « 2 heures par jour sur notre smartphone »

J »étais ce matin l’invité de Dimitri Pavlenko sur Sud-Radio, pour commenter les résultats d’un sondage révélant que les jeunes Français passent près de 2 heures par jour sur leur smartphone.

Vous pouvez réécouter cette émission sur http://www.sudradio.fr/Podcasts/Le-Grand-Referendum/Etes-vous-addict-a-votre-smartphone

Sur Europe 1 cet après-midi pour parler des limites à imposer aux enfants face aux écrans

CaptureEurope1-2015-11-24Aujourd’hui, mardi 24 novembre 2015, j’étais l’un des invités de l’émission de Marion Ruggieri, Il n’y en a pas deux comme elle, dont le thème était « Doit-on limiter l’utilisation des tablettes et smartphones à nos enfants ? »
Vous pouvez réécouter l’émission sur http://www.europe1.fr/emissions/il-n-y-en-a-pas-deux-comme-elle/il-ny-en-a-pas-deux-comme-elle-doit-on-limiter-lutilisation-des-tablettes-et-smartphones-a-nos-enfants-2625307

Et voici quelques liens vers les sujets que j’ai abordés :
• Comment parler aux enfants des attentats de Paris ?

• Les écrans sont-ils nocifs pour les yeux ou le sommeil des enfants ?
• Comment initier les enfants au numérique ?
• Tous mes conseils pratiques pour les parents


Comment parler aux enfants des attentats de Paris ?

Trouver des mots simples, éviter les images choquantes et surtout éviter de les regarder en boucle, leur proposer des textes adaptés à leur âge, les rassurer en leur disant que les attentats sont des événements exceptionnels…

Voici quelques liens vers des documents qui peuvent vous aider à parler avec vos enfants des dramatiques événements de vendredi soir et à soulager leurs peurs :

– une sélection de textes parus dans les magazines du groupe Bayard :

http://www.bayard-jeunesse.com/Actualites/Attentats-de-Paris-des-documents-pour-aider-les-enfants-et-les-adolescents-a-comprendre 

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– trois dossiers réalisés par Fleurus Presse :

– un dossier réalisé par Libération :

http://www.liberation.fr/apps/ptit-libe/#/3/

CaptureLiberationParlerAttentatsEnfants2015-11

– le site Web de France Télévisions :

http://www.francetvinfo.fr/sante/soigner/comment-parler-aux-enfants-des-attentats_1177065.html

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– le site Web du journal Le Monde :

http://www.lemonde.fr/attaques-a-paris/article/2015/11/14/attentats-a-paris-comment-en-parler-aux-enfants_4810090_4809495.html

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– le site web de Radio Canada :

http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/societe/2015/11/17/001-attentats-paris-expliquer-aux-enfants-psychologie.shtml

 

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– une vidéo du New York Times (en grande partie en Français) :

Nos enfants auront-ils encore besoin de leur mémoire ?

Licence: CC0 Public Domain

Licence: CC0 Public Domain

J’ai publié avant-hier, mardi 22 septembre 2015, dans le quotidien Les Echos un article sur la mémoire.

Jusqu’où ira l’extériorisation de notre mémoire ? L’être humain a toujours utilisé son inventivité pour élaborer des solutions lui permettant de s’épargner des efforts : il a continuellement sous-traité une partie des fonctions de ses organes, comme le travail musculaire, à d’autres hommes (prisonniers, esclaves…), des animaux (chevaux, ânes…), puis des outils ou des machines. La mémoire n’a pas échappé à cette tendance de fond. Avec l’écriture, puis l’imprimerie, l’homme avait déjà extériorisé une partie de sa mémoire. Mais ces transformations n’avaient rien à voir, en rapidité et en ampleur, avec l’actuelle révolution numérique.
En savoir plus sur http://www.lesechos.fr/journal20150922/lec1_idees_et_debats/021337432428-aurons-nous-encore-besoin-de-notre-memoire-1157767.php?HxxKfJFIPwFleIjm.99

Cet article comportait également  un encadré  « Comment naissent les souvenirs http://www.lesechos.fr/journal20150922/lec1_idees_et_debats/021337432504-comment-naissent-les-souvenirs-1157813.php

Les ampoules LED sont-elles dangereuses pour les yeux des enfants ?

Les ampoules LED consomment peu, durent longtemps et procurent une forte lumière. Mais des travaux récents suggèrent l’existence d’effets sanitaires potentiels.

Une ampoule LED

Une ampoule LED

Les LED (Light Emitting Diodes ; en français : DEL pour diodes électroluminescentes) sont des composants optoélectroniques qui émettent de la lumière lorsqu’ils sont traversés par un courant électrique. Leurs applications sont extrêmement nombreuses (pour des écrans géants de très grande taille, par exemple), mais le grand public les connaît essentiellement à travers leur utilisation comme voyants lumineux sur des appareils électroménagers, dans les flashes des téléphones portables, comme ampoules domestiques, dans des lampes de poche, etc.

Les ampoules LED connaissent un grand succès, car elles ont la réputation de consommer peu d’électricité, de durer longtemps et de bien éclairer. Surtout, contrairement, aux ampoules fluorescentes, elles s’allument instantanément (on dit que leur « inertie lumineuse » est quasi nulle).

Mais plusieurs études suggèrent qu’elles peuvent présenter un risque pour les yeux des enfants.

D’abord, « parce que qu’elles ne diffusent pas une lumière ordinaire, mais une lumière bien plus riche en longueurs d’onde correspondant au bleu de celle du jour », explique l’Inserm (Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale) dans le numéro 26 de sa revue Science & Santé. Or, sans même parler de ses effets sur l’endormissement,  la lumière bleue est « reconnue pour ses effets néfastes et dangereux sur la rétine » expliquait déjà l’Anses (Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’Alimentation, de l’Environnement et du Travail) en 2010.

En outre, « par unité de surface, une LED émet une quantité plus importante de lumière qu’un néon », poursuit l’Inserm.

Les récents travaux d’une équipe de l”Inserm permettent de mieux comprendre l’effet des LED sur les yeux. « Grâce à des analyses moléculaires effectuées sur des rats, ces chercheurs ont mis en évidence qu’une exposition à une source lumineuse issue de LED entraînait, au niveau de la rétine, un stress oxydant, responsable de dommages importants. On parle alors de toxicité rétinienne », affirme l’Inserm

En attendant qu’une norme adaptée aux LED voie le jour, l’Anses recommande, entre autres « d’éviter l’utilisation de sources de lumière émettant une forte lumière froide (lumière riche en couleur bleue) dans les lieux fréquentés par les enfants (maternités, crèches, écoles, lieux de loisirs, etc.) ou dans les objets qu’ils utilisent (jouets, afficheurs lumineux, consoles et manettes de jeu, veilleuses nocturnes, etc.). »


 

Le numéro 26 de la revue Science & Santé de l’Inserm est téléchargeable au format PDF en suivant ce lien :

http://www.inserm.fr/mediatheque/infr-grand-public/fichiers/science-sante/ss26_juillet_aout_2015

Le rapport de l’Anses est disponible au format PDF ici :

https://www.anses.fr/fr/system/files/AP2008sa0408.pdf

Hier sur Europe 1 pour parler de la dépendance aux smartphones des… parents

J’ai été interviewé hier, jeudi 25 juin 2015,  par Wendy Bouchard après le journal de 13H sur Europe 1 au sujet d’une étude réalisée auprès de 6 117 parents et enfants dans 9 pays (dont la France) : les enfants se plaignent que leurs parents passent trop de temps sur leur téléphone, y compris lorsqu’ils sont avec leur famille.

J’ai rappelé que les parents doivent donner l’exemple s’ils veulent transmettre de bonnes habitudes à leurs enfants en termes d’utilisation des nouvelles technologies :

• éteindre son portable pendant les dîners en famille

• se connecter le moins possible le soir et durant les week-end

• lire des livres le soir à ses enfants tant qu’ils sont demandeurs : en leur lisant un livre, nous leurs donnons de l’amour, les aidons à s’endormir et leur transmettons l’amour des livres ; et, quel que soit le support (livre, tablette, ordinateur…), rien ne remplace, pour un enfant, l’ « interactivité » avec un adulte (un enfant à qui vous lisez un livre peut vous demander des explications sur un passage, la signification d’un mot…)

• plus nous passons de temps le soir devant un écran « bleu » (à peu près tous les écrans sauf les liseuses), moins la qualité de notre sommeil sera bonne

• plus un enfant passe de temps devant un écran, moins ses résultats scolaires sont bons.

Vous pouvez retrouver des extraits de mon intervention en cliquant sur ce lien :

http://ift.tt/1LKKEWi;