Je suis intervenu sur BFM TV vendredi 29 juillet dans le journal de 22H pour parler du recrutement des djihadistes sur Internet et en particulier sur les réseaux sociaux.
Les réseaux sociaux sont utilisés par Daech pour recruter des terroristes et organiser des attentats. De plus, ces réseaux permettent aux terroristes de laisser une trace, après leur mort, de leurs sinistres « exploits » et d’accéder ainsi à une forme d’« éternité virtuelle ».
1 Pour le recrutement, les réseaux sociaux grand public (Facebook, Twitter…) servent de caisses de résonance à la propagande de l’organisation terroriste : « 125 000 comptes de terroristes ou d’affiliés concernant principalement Daech » ont été suspendus par Twitter entre le milieu de l’année 2015 et février 2016 (1).
Ces réseaux sociaux grand public enferment les jeunes fascinés par le djihadisme dans une spirale infernale, alimentée par un double phénomène :
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un phénomène d’endogamie ou d’entonnoir : une fois qu’un jeune commence à faire des recherches sur le djihadisme, le réseau social va, à travers ses algorithmes de personnalisation des contenus, lui proposer de plus en plus de pages sur ce sujet ;
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un phénomène d’entraînement : une fois qu’un jeune voit sur les réseaux sociaux qu’un autre jeune est passé à l’acte, cela peut lever ses inhibitions et l’aider à passer lui-même à l’acte.
2 Pour la planification et l’organisation des attentats, les terroristes et leurs commanditaires utilisent des messageries privées telles que Telegram.
3 Les réseaux sociaux ne constituent pas seulement une cause du passage à l’acte, mais semblent également représenter une raison de passer à l’acte : certains terroristes passent à l’acte, entre autres, dans l’espoir de voir leurs actes publiés sur les réseaux et de laisser ainsi une trace, autrement dit, d’accéder à une forme d’« éternité virtuelle ». Adel Kermiche, un des deux assassins du Père Jacques Hamel à Saint-Étienne-du-Rouvray (76) avait demandé à « tous ses frères et sœurs » qui le suivaient sur le réseau Telegram de partager sa page privée. Le 26 juillet, moins d’une heure avant de faire irruption dans l’église de Saint-Étienne-du-Rouvray, il avait, dans un dernier message, invité à « partager ce qui va suivre ». (2)
Que faire ?
Il semble que le gouvernement envisage, en dernier recours, de pouvoir bloquer tous les réseaux sociaux en France pendant un certain temps. C’est en tout cas ce que laisse entendre une des dispositions de l’état d’urgence. En effet « le ministre de l’intérieur peut prendre toute mesure pour assurer l’interruption de tout service de communication au public en ligne provoquant à la commission d’actes de terrorisme ou en faisant l’apologie. (3)» Ce qui, en théorie, permettrait au gouvernement de demander l’interruption en France de Facebook, Twitter ou Telegram, etc., pendant plusieurs jours, semaines ou mois…
Mais on peut aussi faire de la prévention. On peut par exemple, intervenir, comme je le fais, devant les enfants et les adolescents pour les mettre en garde contre les discours de haine qui circulent sur Internet et les réseaux sociaux.
Pour aller plus loin :
Rapport parlementaire sur les moyens de Daech : http://www2.assemblee-nationale.fr/static/14/daech/rapport-daech-tome1.pdf
Article du magazine Wired : Why ISIS Is Winning the Social Media War : https://www.wired.com/2016/03/isis-winning-social-media-war-heres-beat/
Sources :