Attention : le phishing cible aussi les enfants


Dofus, le jeu en ligne massivement multi-joueurs, édité par la société française Ankama, fait l’objet de tentatives régulières de hameçonnage.

Tout a commencé par un mail suspect avec la mention « Votre compte banni !!! » reçu par l’auteur de cet article un dimanche soir en provenance de dofus@dofus.com : « Salutations ! Il a été porté à notre attention que vous malheureux qui ont participé à des activités commerciales en ligne. Dofus Entertainment prend ces violations très sérieux », pouvait-on lire.

« Dans un effort visant à protéger l’intégrité du jeu, nous sommes contraints de mener une enquête sur la question […] Conséquences pour compte: Compte suspendu définitivement […] Pour empêcher cette action d’avoir lieu, nous avons besoin que vous vous connectez « en cliquant ici » ou bien dans 20 jours votre compte sera banni merci pour empêcher cela connectez vous en cliquant ici », est-il indiqué. Alerte crédible ou arnaque ?

Bien évidemment, il s’agissait d’une tentative de phishing [hameçonnage : mail frauduleux pour récupérer l’identifiant et le mot de passe d’un internaute, par exemple pour accéder à son compte bancaire] envoyée aux fans de Dofus, un des jeux en ligne massivement multijoueurs les plus populaires exploité par la société française Ankama : 15 millions d’inscrits dans le monde (dont 65% sur le territoire national), 1,5 million d’abonnés payants (dont 600 000 joueurs actifs, 450 000 sont français).

En cliquant sur le lien proposé, on arrivait effectivement à une page qui ressemblait en tout point au site officiel de Dofus et qui invitait à se connecter à son compte, en indiquant son nom de compte et son mot de passe.

Même graphisme, même avertissement en haut à droite : « Pour la sécurité de votre compte, ne partagez pas ces informations ! » Sauf que l’adresse stipulée dans la barre du navigateur était celle d’un site Internet hébergé en Autriche :http://royalxm.bplaced.net/df/f/k/.

« Des opérations de phishing, organisées, comme celle-ci, par des amateurs, il y en a au moins une, une fois par semaine, reconnaît Thomas Bahon, directeur des produits d’Ankama installée à Tourcoing. « Mais, heureusement, des opérations de phishing de grande envergure, nous n’en avons pas connu depuis deux ans. »

Le profil type du pirate amateur qui se livre au phishing sur Dofus ? « Un gamin de douze ans, qui veut accéder aux comptes de ses amis, pour récupérer les éléments que ces derniers ont gagnés au cours de leurs parties, afin de les transférer sur son propre compte, avant de les revendre éventuellement sur les nombreux marchés gris, gravitant autour de Dofus », poursuit Thomas Bahon.

Contacté par mail, Miroslav Bozic, un responsable de la structure d’hébergement du site de phishing installé à Vienne, en Autriche, a confirmé que l’auteur de cette tentative de phishing résidait, selon les informations en sa possession, en France. « Le site a été fermé et remplacé par une page d’erreur 404 – site introuvable », affirmait Miroslav Bozic.

[…]

Seule certitude : les adresses électroniques visées par ces tentatives de phishing auraient été récoltées sur le Web (dans des blogs, par exemple), et non dans des forums de discussion consacrés à Dofus ou sur des sites illicites ou pour adulte. Ceci explique sans doute en partie qu’il n’y ait pas eu de victime.

Thomas Bahon veut plutôt y voir le fruit des actions de sensibilisation qu’Ankama mène auprès des utilisateurs sur les risques de phishing. « Contre ce type d’attaque, la prévention reste encore la meilleure arme », estime-t-il.

Il souhaite cependant encore renforcer sa coopération avec les services de webmail (Yahoo!, Hotmail, Gmail…) pour que ces derniers puissent mieux authentifier auprès de leurs utilisateurs les messages en provenance du « vrai » Ankama.

Jacques Henno

D’après un article de Jacques Henno paru sur Vnunet.fr le 3 avril 2009 : Enquête : comment Dofus a tenté de remonter une filière de phishing

Téléphones portables, antennes-relais, Wifi : quels dangers pour notre santé ?

Même les opérateurs de téléphonie mobile conseillent d’être prudent lors de l’utilisation d’un téléphone portable.

Les champs électromagnétiques ont toujours existé dans la nature : les charges électriques qui apparaissent dans l’atmosphère lors d’un orage donnent naissance à un champ électrique. De même, le champ magnétique terrestre serait utilisé par les oiseaux et les poissons pour se repérer.
L’homme est donc habitué à ces phénomènes naturels. Mais depuis une cinquantaine d’années, les champs électromagnétiques artificiels se sont multipliés avec l’apparition, un peu partout dans les pays développés, puis dans le reste du monde, d’antennes-relais pour la radio, la télévision et le téléphone mobile, situées à l’extérieur des bâtiments.
Depuis peu, il faut y ajouter les bornes Wifi qui permettent un accès sans fil à Internet dans les bureaux, les écoles, certains squares et chez soi. Bref, impossible d’y échapper.
Un tour sur le site cartoradio.fr de l’Agence Nationale des Fréquences, qui recense (presque) tous les émetteurs et relais présents dans l’Hexagone, donne le vertige. D’autant que les médias se font régulièrement échos de cas de cancers dans des endroits exposés aux faisceaux d’antennes-relais (comme, par exemple, malheureusement, l’archevêché de Lyon, située sur la colline de Fourvière).
Mais il y a peut-être encore plus inquiétant : le téléphone mobile, dont l’usage s’est généralisé à une vitesse phénoménale. La métropole française compte désormais quelque 53 millions de portables en activité.
Or, ce qu’il y a de nouveau avec le téléphone mobile, c’est que l’utilisateur peut coller son cerveau sur un champ électromagnétique. “Les premières études sur les conséquences de l’exposition de notre cerveau aux ondes du mobile ne sont pas rassurantes : il n’y a pas de certitude absolue, mais cela semble plutôt indiquer un risque », prévient le Docteur Annie Sasco. Ce médecin épidémiologiste du cancer fait partie, aux côtés de David Servan-Schreiber, des vingt experts internationaux, qui, en juin dernier, ont publié un manifeste – l »Appel des 20″ – engageant à la prudence tous les propriétaires de portables.
Pour tenter d’y voir clair, Famille Chrétienne a contacté plusieurs organismes et experts. Ont répondu : deux signataires de l’Appel des 20 (le Dr Annie Sasco, donc, et Jean-Loup Mouysset, cancérologue), Stéphen Kerckhove, de l’association Agir pour l’Environnement, à l’initiative de la campagne TcherMobile, et l’Afom (Association Française des Opérateurs Mobiles).
Sur les antennes-relais de téléphonie mobile, l’Afom met en avant plusieurs rapports officiels concluant à l’absence de risque à vivre près de tels équipements. Les trois autres interlocuteurs demandent, eux, que les faisceaux de ces antennes-relais ne soient pas dirigés vers des bâtiments « sensibles », comme les écoles, que la puissance de ces appareils soit diminuée ou que leur installation fasse l’objet d’un « permis spécifique qui permettrait aux autorités locales de donner leur avis ».
En attendant que de telles décisions soient éventuellement prises au niveau national, le citoyen lambda ne peut pas faire grand-chose, si ce n’est continuer à vivre au milieu de tous ces champs ou se lancer dans de longues procédures judiciaires.
Saisie par trois familles de Tassin-la-Demi-Lune, près de Lyon, la cour d’appel de Versailles a condamné en février Bouygues Telecom à démonter une antenne-relais et à verser 7 000 euros à chaque couple « pour exposition à un risque sanitaire. » Quelques jours plus tard, SFR était à son tour condamné par le Tribunal de grande instance de Carpentras à démonter une antenne-relais à Châteauneuf-du-Pape.
Fait inhabituel : ces deux décisions de justice ont aussitôt été critiquées par l’Académie de Médecine. Cette société savante a rappelé qu’«on ne connaît aucun mécanisme par lequel les champs électromagnétiques dans cette gamme d’énergie et de fréquence pourraient avoir un effet négatif sur la santé. »
En revanche, sur le téléphone mobile, tout le monde – y compris l’Afom – est d’accord pour dire que dans le doute, il faut appliquer le principe de précaution et diminuer le plus possible son exposition personnelle. Et là, bonne nouvelle, tout le monde peut faire quelque chose. Voici la synthèse des conseils à appliquer :

1 Pas de téléphone mobile pour les enfants (reste à savoir ce qu’est un enfant : certains parlent de moins de 12 ans, d’autres de moins de 15 ans ; aux parents de décider). La croissance de leur organisme en développement les rend particulièrement vulnérables à tous les rayonnements électromagnétiques.

2 Choisir un mobile à faible DAS (Débit d’Absorption Spécifique : le DAS mesure le niveau maximum d’ondes radio auquel vous pouvez être exposé en utilisant cet appareil). Tous les téléphones mobiles commercialisés en France doivent avoir un DAS inférieur à 2 W/kg, mais certains appareils ont des DAS beaucoup plus faibles que les autres.

2 Si possible, ne pas porter son téléphone près de son cœur, de l’aisselle, des hanches ou des parties génitales. Tenir l’antenne du téléphone la plus éloignée possible de soi. Même lors de l’envoi d’un SMS.

3 Toujours utiliser l’oreillette « filaire » (encore appelée « kit piéton ») livrée avec votre téléphone afin d’éloigner l’appareil de votre oreille (et de votre cerveau) le temps de la conversation.

4 Ne téléphoner que dans des conditions de réception maximale : l’écran doit afficher les « 4 barrettes » de réseau, pas moins. Pour chaque barre manquante, le rayonnement émis par le portable pour se connecter serait multiplié par 2.

6 Ne pas téléphoner en se déplaçant (train, voiture, bus, pied, cheval, vélo, bateau, patinette, roller, etc.). Un mobile en mouvement émet plus d’ondes.

7 Eloigner le mobile de soi et le maintenir à la verticale le temps de joindre son correspondant (tant que la première sonnerie n’a pas retenti).

8 La nuit ne pas dormir avec son portable à proximité. Mieux vaut l’éteindre.

Un dernier conseil, mais qui ne concerne que la borne Wifi : si vous pouvez*, la nuit, éteignez-la !

Jacques Henno

(article paru dans Famille Chrétienne le 19 mars 2009)
* attention, si vous possédez une « Box », à ne pas couper votre téléphone.

« Avec les nouvelles technologies, il y aura toujours un décalage parents-enfants »


Arnaud Devillard, journaliste pour 01net, m’a demandé mon avis sur les dangers des nouvelles technologies pour les mineurs et sur les conseils à donner aux parents pour aider leurs enfants à tirer le meilleur profit de ces outils.

Retrouvez cet interview sur : http://www.01net.com/editorial/404250/-avec-les-nouvelles-technologies-il-y-aura-toujours-un-decalage-parents-enfants-/?rss

Pour moi, il est évident que les nouvelles technologies constituent des outils formidables, auxquels les jeunes doivent avoir accès. Les parents doivent cependant être prévenus d’un certain nombre de dangers qui existent, afin d’établir un dialogue constructif avec leurs enfants.

Comme je le dis souvent aux parents, au cours des conférence que je suis régulièrement amené à donner sur ce sujet (voir le site LesConfs.net), « si vous rentrez chez vous et que vous jetez à la poubelle ordinateur, console de jeux et téléphone portable, c’est que j’ai raté quelque chose ! »

Interviewé sur France 24 sur le cyberharcèlement


Natalia Gallois, journaliste pour l’émission « Sur le Net » diffusée sur la chaîne internationale France 24, m’a interviewé dans le cadre d’un reportage qu’elle réalisait sur le cyberharcèlement et qui a été diffusé ce week-end.
Vous pouvez retrouver ce reportage sous forme de podcast en vous rendant sur la page http://www.france24.com/fr/podcasts/video, puis en choisissant l’émission Sur le Net (en bas de la page), puis en téléchargeant l’émission datée du 7 mars 2009.
Le cyberharcèlement concerne surtout les pré-adolescents et les adolescents. Il consiste à utiliser les nouvelles technologies pour harcéler un mineur en lui envoyant des messages non sollicités sur son téléphone portable, sur sa messagerie électronique, ainsi que via FaceBook ou un autre réseau social. Il peut également s’agir de détourner un cliché récupéré sur un blog ou un réseau social, de façon à ridiculiser le jeune pris en photo. Cette image, éventuellement modifiée grâce à un logiciel de retouche, est ensuite diffusée sur Internet ou par mobile.

Chat sur Lemonde.fr mardi 10 février 2009 : « Réseaux sociaux : de nouveaux dangers pour nos enfants ? »

A l’occasion de la Journée pour un Internet Plus Sûr (Safer Internet Day*), Olivier Dumons, journaliste et webmaster au Monde Interactif, m’a invité à participer à un chat avec les lecteurs du Monde sur le thème : Réseaux sociaux : de nouveaux dangers pour nos enfants ?

Retrouvez l’intégralité de ma discussion avec les internautes en cliquant ici :

http://www.lemonde.fr/technologies/article/2009/02/10/reseaux-sociaux-de-nouveaux-dangers-pour-nos-enfants_1153515_651865.html

* « Le principal objectif de la Journée Safer Internet consiste à rassembler des acteurs clés des domaines public et privé, issus du plus grand nombre de pays possible, afin de sensibiliser l’opinion publique, et notamment les enfants et les jeunes, à l’utilisation sécurisée et responsable des nouvelles technologies. » (source : http://www.saferinternet.org/ww/fr/pub/insafe/sid.htm)

Jeux vidéo : oui, mais sans excès !

La pratique de ces loisirs numériques n’est pas mauvaise en soi, mais peut donner lieu à un certain nombre de dérives. Elle doit être sérieusement encadrée par les parents.

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Le jeu vidéo est devenu un phénomène de masse, qui touche non seulement les enfants (en France, la quasi-totalité des moins de 18 ans y joue*), mais aussi les adultes : l’âge moyen des joueurs est désormais de 31 ans**. Autant dire que cette année les Wii fit, Mario, Rayman, Call of Duty et autres GTA se sont accumulés sous le sapin de Noël. Sans parler des équipements (consoles, manettes, volants, planches de surf interactive…) indispensables pour s’y adonner.

Mais l’engouement des enfants pour ces loisirs numériques inquiète de nombreux parents. Les industriels, les associations de protection des enfants et les pouvoirs publics ont d’ailleurs inauguré mi-décembre un site d’information sur le sujet (www.pedagojeux.fr). Une initiative qui va dans le bon sens, même si le contenu du site est encore peu développé et, surtout, extrêmement consensuel (la plus grande partie de son financement provient des éditeurs de jeux et de leur syndicat). Les questions que les mères et les pères se posent le plus souvent sont : mon enfant peut-il se passer des jeux vidéo ? les jeux vidéo violents rendent-ils violents ? un mineur peut-il devenir accro ? combien cela coûte-t-il (voir l’encadré sur les jeux gratuits en ligne) ?

Sur la nécessité – ou non – d’acheter un jeu, il est clair que les jeux vidéo ne sont pas indispensables à l’éducation d’un enfant. Mieux vaut donc retarder le plus tard possible l’arrivée de ces compagnons électroniques dans la maison. L’enfant sera moins tenté d’y consacrer beaucoup de temps, au détriment des devoirs, de la lecture, des sorties en famille ou de… l’ennui (un enfant qui s’ennuie fait fonctionner son imagination).

Cela dit, les jeux vidéo ne sont pas sans intérêt : la plupart des spécialistes s’accordent pour dire qu’ils développent les réflexes, ainsi que le sens de l’orientation. Ils permettent aussi à certains adolescents de retrouver une confiance en soi et, paradoxalement, de développer des moments de convivialité (le jeu est un sujet de conversation ou l’occasion de retrouver dans « la vraie vie » d’autres joueurs rencontrés en ligne).

Mais à condition que cette pratique soit fermement encadrée. La console de jeu ou l’ordinateur doivent être placés dans une salle commune sous la surveillance des parents. Ceux-ci doivent soigneusement vérifier les jeux qui entrent à la maison. Au dos de chaque boîtier figure une série de petits dessins qui indiquent l’âge recommandé pour le jeu et le contenu de celui-ci (violence, grossièreté, drogue, sexe…). Cette classification, dite Pegi (www.pegi.info/fr/), a été mise au point par les éditeurs, à destination des parents. Attention, cela n’empêche pas certains enfants de dissimuler à l’intérieur de la jaquette d’un jeu pour tous âges le DVD d’un jeu hyper violent !
Sur le problème de la violence, justement, la plupart des pédopsychiatres interrogés pensent qu’il n’existe pas de lien de cause à effet direct entre jeux vidéo violents et comportements violents. Mais tous soulignent que cette catégorie de jeux peut émousser la sensibilité des individus.

Reste l’addiction aux jeux vidéo. Elle concernerait plus les jeunes adultes que les mineurs. Cependant, les établissements spécialisés dans l’addiction, comme l’hôpital Marmottan à Paris (www.hopital-marmottan.fr/), reçoivent chaque année quelques adolescents, devenus accros aux jeux massivement multi joueurs, comme le célèbre World of Warcraft. Là encore le rôle des parents est primordial : ils doivent imposer des limites sur la fréquence et la durée du jeu, en fonction du profil de chaque enfant. Et ne pas hésiter à consulter s’ils constatent que le comportement social (chute des résultats scolaires, refus de sortir en famille ou avec des amis) de leur ado a changé depuis qu’il joue beaucoup !

Jacques Henno

Sources :
*sondage Ipsos DIF (Délégation Interministérielle à la Famille)
** Sell (Syndicat des Editeurs de Logiciels de Loisirs)

Dofus et Habbo : deux jeux en ligne à déconseiller aux moins de 12 ans

Les jeux en ligne gratuits constituent un business très rentable en France. 6,5 millions de Français auraient joué au moins une fois à l’univers fantastique Dofus, qui comporte une partie gratuite accessible sans limites ; et 7,5 millions de Français se sont déjà rendus dans la communauté virtuelle Habbo, dont l’accès est entièrement gratuit. Côté revenus, Dofus compterait près d’un million d’abonnés dans l’Hexagone, qui paient entre 1,80 euro par semaine et 48 euros par an. Et Habbo France drainerait 50 000 joueurs qui chaque mois dépenseraient en moyenne 10 euros en meubles virtuels. Résultat, cette petite entreprise de 15 personnes aurait enregistré en 2008 un chiffre d’affaires de 6 millions d’euros, constitué à 95% par la vente de mobilier virtuel et à 5% par la publicité.
Autant dire que les deux maisons-mères de ces jeux, Ankama pour Dofus et Sulake France pour Habbo France, ne sont pas pauvres… Pourtant, de nombreux parents trouvent que les mesures de protection proposées par ces deux entreprises ne sont pas à la hauteur de leur fortune. Beaucoup de familles se plaignent en effet de l’insécurité qui régnerait dans ces jeux, fréquentés par des 14/15 ans, voire des enfants beaucoup plus jeunes. « Mes garçons ont souvent été approchés par des adultes sur Dofus, affirme une mère de trois enfants. Comme c’est gratuit et facile à jouer, n’importe qui peut s’inscrire et utiliser le tchat pour entrer en contact avec des mineurs. »
Normalement, ces jeux en ligne ne sont pas recommandés pour les moins de 12 ans. Sur Dofus, cette précaution élémentaire est simplement indiquée au moyen d’un petit pictogramme + 12 situé tout en bas à gauche de la page d’accueil, mais rien n’empêche un enfant de dix ans de créer son compte (Dofus demande bien la date de naissance, mais cela ne sert apparemment à rien : nous avons indiqué 1998 comme année de naissance et notre compte a été créé !). Habbo semble plus vigilant, puisque ce jeu demande aux nouveaux inscrits de préciser leur date de naissance ; les moins de 13 ans sont systématiquement rejetés. Mais rien n’empêche un enfant plus jeune d’indiquer une fausse année de naissance. La porte ouverte à tous les abus ?
« Sur Habbo, il y a effectivement quelques dossiers judiciaires : des enquêteurs ont déjà dû faire des réquisitions à la société qui gère Habbo, confirme un haut gradé des services de police français. Sur Dofus, il y aurait surtout des problèmes de « piratage » de comptes, mais ça permettrait éventuellement de rentrer en contact avec les jeunes qui sont les amis des détenteurs normaux des comptes. Et il y aurait également des vols de gains obtenus sur le jeu. »
Les éditeurs, cependant, nient être au courant de toute affaire de pédophile. « A ma connaissance, il n’y a eu aucun cas de pédophilie en huit ans chez Habbo dans le monde », a affirmé, il y a quelques jours, à Vnunet.fr Jean-Baptiste Géraud, alors responsable de Sulake France (il a depuis pris la tête d’un hôtel 3 étoiles – un vrai celui-ci – à Paris !). « Nous ne déplorons aucun incident grave, commente de son côté Thomas Bahon, directeur des produits chez Ankama. Il y a bien eu quelques insultes à caractère sexuel, mais plutôt entre mineurs. »
Habbo France affirme qu’un modérateur, salarié, est présent 24 heures sur 24 et sept jours sur sept sur la partie française du jeu. « Nous en employons sept à plein temps, voire en heures supplémentaires. » Le modérateur se promène dans les salles et intervient en cas de problème signalé par les joueurs. Un système l’alerte également lorsqu’une conversation se noue entre seulement deux personnes. « Nous pensons que si un prédateur se rendait sur Habbo, il irait d’abord dans une salle pour repérer une victime potentielle, puis tenterait de l’attirer dans une autre salle pour être seul avec elle et essayer de l’amadouer », explique Jean-Baptiste Géraud.
Chez Ankama, on n’aime pas trop parler de tout cela : « Il est vrai que n’importe qui peut entrer sur le tchat, reconnaît Thomas Bahon. Mais nous avons mis en place un filtre lexical susceptible de censurer des propos inappropriés rédigés en langage clair. De plus, les joueurs ont la possibilité de bloquer un contact qui les importune. Enfin, 12 community and content managers, salariés, animent et modèrent le jeu, tandis que 30 modérateurs bénévoles se relaient sur le forum et 50 modérateurs bénévoles tournent sur le jeu. »
En revanche, les deux entreprises reconnaissent des problèmes de contestation de paiement. « En 2007, nous avons reçu une centaine de contestation de paiements par carte bancaire, représentant un total de 10 000 euros, admet Jean-Baptiste Géraud. A chaque fois, nous avons bien sûr collaboré avec la police ; il s’agissait presque toujours d’un ado qui avait usurpé la carte bancaire de ses parents. »
Chez Ankama, on a également pris conscience d’un problème de communication avec les parents. « Nous avons bien conscience que nous ne sommes pas encore au top pour aider les parents, reconnaissait Florence di Ruocco, chargée de communication chez Ankama, lors du colloque « Générationsbranchées@lienoudépendance » organisé à Lille par l’Ecole des Grands-Parents Européens Nord. Nous sommes prêts à mettre à la disposition des parents de nouveaux outils pour qu’ils assument leur rôle ».
L’entreprise serait à la recherche de développeurs Web pour mettre en place de nouvelles mesures de protection des mineurs. « A partir de janvier, pour les nouveaux comptes qui vont se créer, nous allons récupérer l’email des parents, afin que ceux-ci puissent être en copie des emails échangés entre le mineur et Ankama, au sujet des achats et de la modération », révèle à Vnunet.fr Thomas Bahon.
Autres pistes explorées : envoyer un email aux parents pour les informer du temps passé sur le jeu par leurs mineurs ; autoriser les parents à activer des alertes dans le jeu au-delà d’un certain temps (2H par exemple) passé dans le jeu, afin de prévenir les risques d’addiction ; permettre aux parents d’offrir à l’enfant une récompense sous la forme d’un bonus dans le jeu si l’enfant a eu de bons résultats à l’école. Il parait qu’un accord de ce type aurait déjà été passé entre le ministère de l’Education de Corée du Sud et le jeu Ragnarök.

Jacques Henno
(article paru sur Vnunet.fr le 23 décembre 2008)

Invité du Journal de France 3 Lille, sur les risques de cyber-dépendance


J’étais à Lille hier pour intervenir lors du colloque « générationsbranchées@lien-ou-dépendance », organisé par l’Ecole des Grands-Parents Nord. Le soir, à 18H50, j’ai été invité du journal de France 3 Nord-Pas-de-Calais-Picardie (séquence Grand Angle), pour donner mon avis sur les risques de cyber-dépendance encourus par les mineurs. Vous pouvez retrouvez cette émission en cliquant sur ce lien (choisir l’émission du lundi 8 novembre 2008) :
http://jt.france3.fr/regions/popup.php?id=lille_ga&video_number=0

Walter Bender (Sugar Labs) : « Je ne connais pas de meilleur outil pour apprendre que l’ordinateur »

Lors du Netbook World Summit qui s’est tenu à Paris, beaucoup d’intervenants ont souligné le rôle positif que ce type d’ordinateurs pouvaient jouer à l’école.

Les netbooks constituent-ils le support idéal pour suppléer au manque de structure éducative dans les pays en voie de développement ? La question maintes fois posée – on le sait, plusieurs initiatives (OLPC – One Laptop Per Child – Classmate PC d’Intel…) visent à fournir des ordinateurs de ce type aux enfants d’Afrique, d’Amérique du Sud et d’Asie – a été de nouveau au centre du Netbook World Summit, qui s’est tenu en début de semaine à la Maison de la Chimie, à Paris. Il est vrai qu’un tel marché méritait bien une conférence aux ambitions mondiales, comme celle-ci : selon le cabinet d’études américain Gartner, quelque 5,2 millions de netbooks, ces mini-ordinateurs conçus pour des besoins bureautiques simples (traitement de texte, tableur, mails, surf sur Internet…), devraient être commercialisés cette année. Et leurs ventes devraient atteindre 8 millions d’unités l’an prochain et – toujours selon Gartner – 50 millions en 2012. Organisé dans le cadre de l’Open World Forum, le Netbook World Summit a été inauguré par Hervé Yahi, nommé il y a trois semaines patron de Mandriva. Après avoir rappelé que son entreprise espérait bien, avec son Mandriva Mini (une solution Linux pour netbook), conquérir une partie de ce segment, Hervé Yahi a distingué deux sous marchés. Selon lui, les utilisateurs de netbooks appartiennent à deux grandes familles : d’un côté les accros à l’informatique qui achètent un netbook comme second ordinateur portable, pour pouvoir l’emporter partout avec eux ; et de l’autre, ceux qui ne connaissent rien à l’informatique et que les netbooks permettent de s’initier au travail sur ordinateur et à Internet.
Une partie des conférences organisées pendant ce Netbook World Summit s’est ensuite concentrée sur cette seconde catégorie d’utilisateurs potentiels et en particulier sur les enfants. Bastien Guerry, chef de projet chez OLPC (dont on peut acheter le XO sur Amazon.co.uk) et Patrick Ferran, directeur de Gdium (un netbook pour collégiens et lycéens fabriqué par EMTEC, une filiale de Dexxon Data Media), entre autres, étaient présents. Mais surtout, la conférence a été marquée par l’intervention de Walter Bender, chercheur au MIT et directeur général de Sugar Labs, une organisation qui propose gratuitement (en licence GPL) Sugar, la plate-forme éducative du XO destinée aux jeunes enfants et tournant sous Linux. Bras droit de Nicholas Negroponte au sein du projet OLPC, Walter Bender avait démissionné en avril dernier. En mai, il avait lancé Sugar Labs, pour « donner de l’air » à Sugar, avait-il expliqué à l’époque.
Paraphrasant Alan Kay, un autre informaticien américain passionné par l’éducation, Bastien Guerry (OLPC) a rappelé que l’ordinateur n’est rien tout seul, mais qu’il peut être un formidable véhicule. « Il n’y a aucune magie dans un ordinateur, de même qu’il n’y a rien de magique dans un piano, a-t-il détaillé. Mais de même que le piano a joué un rôle très important dans la distribution, auprès de beaucoup de foyers, de la pratique musicale, l’ordinateur a démocratisé une certaine pratique de l’informatique. Et l’on peut dire que le netbook est à l’ordinateur domestique ce que la guitare est au piano : un instrument que vous pouvez emporter n’importe où avec vous. » Citant, lui, Abdoulaye Wade, le président du Sénégal, Patrick Ferran (Gdium) a rappelé qu’il y avait en Afrique un milliard d’habitants, mais seulement 15 millions d’ordinateurs. « Les netbooks qui sont bon marché, robustes et connectés peuvent jouer un rôle très important dans l’éducation », a-t-il estimé.
Walter Bender, lui, a une ambition folle (« notre marché potentiel, c’est un milliard d’enfants dans le monde  » a-t-il indiqué) et… pas de moyen ! « Mon budget est de zéro, a-t-il révélé à Vnunet.fr, à qui il a accordé quelques minutes d’interview après son intervention. Sugar Labs fait appel au volontariat pour continuer à travailler sur la plate-forme éducative et à quelques sponsors pour financer les voyages de quelques volontaires afin que ces derniers puissent se rencontrer et échanger. » Malgré cela, plus de 600 000 enfants utilisent déjà Sugar dans un peu plus de trente pays, dont près des deux tiers en Amérique du Sud (à noter que beaucoup de ces enfants ont en fait accès à Sugar sur leur netbook XO de OLPC). Mise au point sous l’égide d’un comité pédagogique dont fit partie le célèbre mathématicien Seymour Papert, Sugar est une plate-forme qui permet aux enfants non seulement de « consommer » des nouvelles technologies (ils peuvent surfer sur le Web, lire, tchater, jouer à des activités multimédias, à des jeux…), mais aussi d’être acteurs (ils peuvent écrire, réfléchir, dessiner, écrire des programmes multimédias, partager…).
« Mon objectif est de faire apparaître une génération de penseurs critiques, grâce à la compréhension de la science, explique-t-il. Je veux donner aux enfants l’accès à une pédagogie de la découverte : se poser des questions est un art créatif. » Bref, Walter Bender croit qu’un notebook équipé de la plate-forme Sugar peut être pour chaque enfant l’occasion d’apprendre à apprendre, et ainsi, de conquérir son autonomie. « Je ne connais pas de meilleur outil pour apprendre que l’ordinateur », a-t-il conclu. Surtout, si c’est un netbook ?

Jacques Henno (article paru sur Vnunet.fr le 3 décembre 2008)

Pédophilie sur Internet : la Dépêche du Midi m’a demandé comment protéger les enfants


La fugue d’une adolescente de 14 ans pour rejoindre un pédophile qu’elle avait rencontré sur Internet a connu avant-hier un heureux dénouement.
Le quotidien La Dépêche du Midi m’a interviewé pour son édition d’aujourd’hui sur les mesures à prendre pour mieux protéger ses enfants contre ce genre de drames.
Retrouvez cet entretien ici. Et encore plus de conseils dans mon livre « Les 90 questions que tous les parents se posent : téléphone mobile, Internet, jeux vidéo… »