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Faut-il interdire aux réseaux sociaux de « prendre la tête » de nos ados ?

Difficulté de concentration, manque de sommeil, lien social affaibli… Les universitaires de la Silicon Valley sont unanimes pour dénoncer les méfaits des écrans et des réseaux sociaux sur les adolescents. Mais ne sont pas d’accord sur les mesures à prendre.
Début septembre, j’ai séjourné une semaine dans la Silicon Valley pour interviewer des spécialistes de l’impact des réseaux sociaux sur les pré-ados et les ados, et travaillant à Stanford, à Berkeley, à l’université de Santa Clara, à l’université de Californie à Santa Cruz, à l’université d’Etat de San Francisco… Voici un premier compte-rendu de ces interviews, sous la forme d’un article que j’ai publié ce matin dans le quotidien Les Échos


Pour lire cet article : bit.ly/decrocherdesreseaux 


Photo ci-dessus : quelques-uns des experts interviewés


en haut, de gauche à droite : 

  • Ming Hsu, neuro économiste à la Haas Business School de l’Université de Californie à Berkeley.
  • Christine Carter, sociologue à Berkeley, auteur de The New Adolescence: Raising Happy and Successful Teens in an Age of Anxiety and Distraction (à paraître en 2020)
  • Nir Eyal, diplômé de la Stanford Business School, avait publié en 2014 Hooked (traduit en français : Comment créer un produit ou un service addictif, Eyrolles, 221 pages ) à destination des entreprises. Il publie cette année : Indistractable : How to control your attention and choose your life
  • Margarita Azmitia, professeur de psychologie à l’université de Californie à Santa Cruz 

en bas, de gauche à droite :

  • Jeff Hancock, professeur de communication, université Stanford
  • Irina Raicu, responsable du programme Éthique de l’Internet au Centre Markkula d’Éthique Appliquée de l’université de Santa Clara
  • Adriana Manago, enseigne la psychologie à l’université de Californie à Santa Cruz
  • Anna Lembke, psychiatre, responsable du département addiction du centre médical de l’université Stanford

dans la colonne de droite, entre Margarita Azmitia et Anna Lembke :

  • Erik Peper, professeur d’éducation à la santé à l’université d’État de San Francisco.

Que font nos ados sur les réseaux sociaux ?

J’ai été interviewé par Céline Rapinat pour le magazine Lyon Capitale au sujet du « nouveau langage des jeunes : photos, vidéos, stories… Que font les ados sur les réseaux sociaux ? Ils discutent, bien sûr, mais aussi se mettent en scène, se prennent en photo, se filment… et postent le tout à l’intention de leurs “amis”. D’où leur vient ce besoin de s’afficher ? Quels sont les risques et comment les aider à se préserver ? »

https://www.lyoncapitale.fr/produit/novembre-2018-2/

Interviewé par le quotidien Sud-Ouest et France Bleu Gascogne sur les conseils à donner à nos enfants pour faire bon usage des écrans et des réseaux sociaux


Dans le cadre de ma venue à Dax, les 26, 27 et 28 février 2018,  j’ai été interviewé par le quotidien Sud-Ouest (édition de Mont-de-Marsan/Dax du 27 février 2018) sur les conseils à donner à nos enfants pour faire bon usage des écrans et des réseaux sociaux.

À lire sur : http://www.sudouest.fr/2018/02/27/les-parents-doivent-donner-l-exemple-4234656-3350.php

Et j’étais en direct (par téléphone) sur France Bleu Gascogne.

Vous pouvez réécouter cet interview sur http://radiofrance-podcast.net/podcast09/rss_16250.xml

Trop de sucre ? Trop de « Facebook » ? Trop de smartphone ?

Au début de cette nouvelle année, permettez-moi – il est encore temps – de vous présenter tous mes vœux de bonheur et de prospérité. Et de remercier tous ceux d’entre vous qui m’ont permis de donner près de 60 conférences l’an dernier.

2018 sera-t-elle marquée par la prise de conscience que nos enfants et nous-mêmes sommes devenus « dépendants » à notre smartphone et aux réseaux sociaux ?

Vendredi soir, j’ai accompagné notre fille voir le documentaire Sugar Land : le réalisateur y soutient que le sucre présent dans de nombreux produits de l’industrie agroalimentaire rend enfants et adultes « accros », avec des conséquences dramatiques sur la santé. Une assertion confortée par plusieurs études scientifiques[1].

Les smartphones et les réseaux sociaux nous rendent-ils tout aussi « dépendants » et ont-ils un impact tout aussi négatif sur la santé des adultes et des enfants ?

Il faut bien sûr être très prudent dans l’utilisation des termes « dépendants » et « accros », la notion d’addiction étant quelque chose de très complexe en médecine[2].

Voici cependant quelques faits :

• plusieurs études anglo-saxonnes s’inquiètent du temps que nous consacrons à ces outils : chaque jour, nous touchons en moyenne l’écran de notre smartphone 2 617 fois et nous y passons deux heures et 25 minutes[3] ! Et plus d’une fois sur quatre (27% des contacts avec l’appareil) nous touchons notre smartphone en lien avec une application appartenant à Facebook (Facebook, Messenger, Instagram ou WhatsApp). Dans 16% des cas, l’application appartient à Google (YouTube…).

• les propres chercheurs de Facebook reconnaissent qu’être passifs sur les réseaux sociaux a un impact négatif sur le moral[4]. D’autres scientifiques aboutissent à des résultats similaires même lorsque l’utilisateur est actif[5].

• outre-Atlantique plusieurs investisseurs s’inquiètent des conséquences que cette “tech addiction”, comme disent les Américains, pourraient avoir sur les enfants et, en cas de procès, sur… les finances de sociétés comme Apple[6]. Ils rappellent que « ce n’est […] un secret pour personne que les sites des médias sociaux et les applications pour lesquels l’iPhone et l’iPad constituent un point d’accès principal sont généralement conçus pour être aussi addictifs et chronophages que possible, comme plusieurs de leurs créateurs l’ont publiquement reconnu ». Ces actionnaires demandent à Apple de mettre au point de nouveaux outils permettant aux parents de mieux contrôler le smartphone de leurs enfants.

En attendant, que faire ?

• Montrer l’exemple ! Certains parents n’hésitent pas à installer un contrôle parental sur leur propre smartphone pour éviter d’y passer trop de temps et pour se rendre plus disponible auprès de leur famille.

• Donner un smartphone le plus tard possible à son enfant.

• Installer sur le smartphone de son enfant un logiciel de contrôle parental comme Kaspersky Safe Kids ou Norton Family (pour les appareils sous Android) ou Kidslox (pour les iPhone). Sans oublier, bien sûr, d’expliquer à votre enfant pourquoi vous faites cela.

• Désactiver toutes les notifications en provenance des réseaux sociaux.

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Très belle année avec vos enfants !

Bien cordialement,

Jacques Henno

[1] Voir, par exemple,  https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/23719144

[2] https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/23719144

[3] https://blog.dscout.com/mobile-touches

[4] https://newsroom.fb.com/news/2017/12/hard-questions-is-spending-time-on-social-media-bad-for-us/

[5] https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/28093386

[6] https://thinkdifferentlyaboutkids.com/

Trois vidéos pour comprendre l’impact des réseaux sociaux sur nos enfants

Les réseaux sociaux peuvent poser plusieurs problèmes aux enfants :

• les moins de 13 ans peuvent y être exposés à des commentaires qui peuvent les mettre mal à l’aise, voir les choquer ; ils vont prendre l’habitude d’y exposer toute leur vie et surtout, d’y passer beaucoup de temps, le modèle économique de ces réseaux reposant sur l’économie de l’attention ; 

• les adolescents risquent également d’y passer énormément de temps, d’avoir du mal à se concentrer pendant leurs devoirs lorsqu’ils seront dérangés par les notifications envoyées sur leur smartphone par ces réseaux sociaux et de faire sur ces réseaux des bêtises qui risquent de les poursuivre pendant leur vie de jeunes adultes

Il est donc souhaitable que les parents engagent un dialogue constructif avec leurs enfants souhaitant s’inscrire sur un réseau social, qu’ils leurs rappellent les principes de cette fameuse économie de l’attention (capter notre attention et donc notre temps pour nous exposer à de la publicité personnalisée en fonction des informations que ces réseaux collectent sur nous), leurs expliquent les règles de base pour bien protéger leurs données et… montrent l’exemple en ne passant pas trop de temps eux-mêmes sur ces réseaux.

Le 6 décembre 2017, l’émission La Maison des Maternelles m’a invité pour parler des problèmes que YouTube a pu poser  (il suffisait de commencer à taper dans la barre de recherche de Youtube « How to» pour se voir proposer un recherche à caractère pédophile, comme “how to have s*x with your kid” and “how to have s*x kids” ; commentaires à caractère pédophile sur des vidéos mettant en scène des enfants dans des situations de la vie de tous les jours ; vidéos montrant des enfants humiliés par leurs parents…), des réponses apportées à Google (dont YouTube est une filiale) et des conseils que je donne aux parents pour éviter que leurs enfants ne soient trop exposés sur les réseaux sociaux.

Une émission à revoir sur https://www.france.tv/france-5/la-maison-des-maternelles/saison-2/353503-mon-bebe-sur-les-reseaux-sociaux.html

Le 14 décembre 2017, j’étais invité à 8H15 sur BFM pour donner mon avis sur la proposition de loi du gouvernement français visant à obliger les enfants de moins de 16 ans à demander l’autorisation de leurs parents avant de s’inscrire sur un réseau social.

Vous pouvez revoir cette vidéo en suivant ce lien : http://www.bfmtv.com/mediaplayer/video/focus-premiere-reseaux-sociaux-bientot-une-autorisation-parentale-pour-les-moins-de-16-ans-1013959.html

J’ai rappelé que cette loi était en décalage avec la réalité vécue par les familles : pour des raisons propres à la législation étasunienne (loi COPPA : Children’s Online PrivacyProtection Rule) les réseaux sociaux d’origine américaine refusent l’accès aux enfants de moins de 13 ans mais beaucoup d’enfants mentent simplement sur leur âge pour s’inscrire.

Ces réseaux sociaux se contentent en effet de demander la date de naissance de leurs utilisateurs. Pour aller plus loin, il faudrait, par exemple, une carte d’identité électronique, comme il en existe en Belgique et en Estonie. Mais cette solution nécessite la possession d’un lecteur de cartes et peut poser des problèmes en termes de respect de la vie privée. Beaucoup de Belges, par exemple, ont renoncé à utiliser leur eID (carte d’identité électronique) sur des sites web commerciaux pour ces raisons. « L’application stricte de la législation en matière de protection de la vie privée est un frein potentiel à l’utilisation généralisée de l’eID. La carte n’est pas encore suffisamment utilisée ni connue malgré́ toute la promotion et la communication faites à son sujet », expliquait déjà en 2012 la Cour desComptes de Belgique.

Enfin, toujours le 14 décembre 2017, France 3 m’a invité dans son Grand Soir 3 pour faire le point sur tous les problèmes que les réseaux sociaux peuvent poser aux enfants : harcèlement, exposition à des commentaires déplacés, trop de temps passé devant les écrans, exploitation des données personnelles à des fins publicitaires… 

Une émission à revoir sur :  https://www.francetvinfo.fr/internet/reseaux-sociaux/les-reseaux-sociaux-sont-ils-dangereux-pour-les-enfants_2516183.html

À quel âge donner un smartphone à un enfant ?

 À la suite de la conférence que j’ai donnée à Vertou (44), le mardi 28 mars 2017, sur le thème « Parents d’élèves des collèges de Vertou à l’heure du numérique », à l’invitation de la mairie de Vertou, en association avec les trois collèges de la ville et les parents d’élèves de ces établissements, je me suis exprimé dans le quotidien Ouest France du 5 avril : 

« Les questions que les parents me posent le plus souvent portent sur l’utilisation des téléphones portables et des réseaux sociaux : à quel âge peut-on leur donner un smartphone ? quels sont les principaux risques qu’ils courent sur les réseaux sociaux ?

Ces deux questions sont liées, car confier un smartphone, un téléphone intelligent qui permet de se connecter à Internet, à un enfant lui donne généralement automatiquement accès aux réseaux sociaux, sur lesquels il risque de passer énormément de temps. Ces réseaux sociaux vivent en effet de la publicité et vont donc tout faire pour ramener les enfants sur leurs sites et pour leur soustraire des informations personnelles qui leur serviront à cibler ces publicités.

L’âge auquel on peut donner un smartphone va donc dépendre de la maturité de l’enfant, de sa capacité à prendre du recul par rapport aux très nombreuses sollicitations des réseaux sociaux.

Vers 12/13 ans, il est possible d’avoir un dialogue constructif avec son enfant et de lui expliquer le modèle économique de ses réseaux sociaux préférés (Instagram, Snapchat, Musical.ly…) afin qu’il comprenne les nombreuses tentations dont il va faire l’objet.

Avant cet âge, je recommande de donner un simple téléphone aux enfants ou si les parents lui confient un smartphone d’y installer un logiciel de contrôle parental, comme Norton Family ou Kaspersky Safe Kids, qui permettra d’empêcher l’enfant d’aller sur les réseaux sociaux ou de contrôler le temps qu’il y passe. »