J’ai participé ce mercredi à un débat sur Europe 1 consacré aux relations que nos ados entretiennent avec Facebook et la télé-réalité. A réécouter sur http://www.europe1.fr/MediaCenter/Emissions/Europe-1-Midi/Sons/Europe-1-midi-Facebook-Nabilla-Les-parents-comprennent-ils-encore-l-univers-de-leurs-ados-31-07-13-1598719/
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Télé-réalité, journal télévisé, publicité à la télé… Quels conseils pour les parents ?
• A quel âge peut-on mettre un enfant devant un écran ?
Ce n’est pas avant deux ans qu’un enfant possède les capacités intellectuelles, en particulier en termes de concentration, nécessaires à l’établissement d’une relation saine avec un écran quel qu’il soit. Et à cet âge, un enfant ne doit pas être laissé seul devant la télévision ou une tablette, car on ne sait pas ce qui peut lui faire peur.
• Les trois principaux problèmes que pose la télévision :
L’exposition à des contenus inappropriés (images violentes ou pornographiques) n’est plus un risque si les parents et les personnes qui gardent les enfants (baby-sitters, grands frères, grandes sœurs…) respectent la signalétique utilisée par les chaînes de télévision, à la demande du CSA (Conseil Supérieur de l’Audiovisuel). Les trois principaux dangers sont, selon moi :
• de passer trop temps devant la télévision ;
• de la regarder à un moment inapproprié pour le sommeil ou la concentration de l’enfant ;
• et, enfin, l’accoutumance à la publicité.
De 7H du matin à 20H le soir, presque toutes les émissions – à l’exception des journaux télévisés – sont «regardables» par des enfants. Mais s’ils y passent trop temps, cela se fera au détriment d’autres activités (jouer avec des petits objets qui amènent les enfants à explorer l’espace autours d’eux, ennui qui oblige à faire travailler son imagination, sports et devoirs pour les plus grands…) indispensables au bon développement des enfants.
Dans un monde idéal, il ne faudrait surtout pas exposer les enfants à la télévision avant de partir à l’école, car on sait que cela nuit à leur capacité de concentration, et le soir après le dîner, pour préserver la qualité de leur sommeil.
Enfin, il faut expliquer aux enfants, même tout petits, que la publicité «veut te faire croire que tu as besoin de ce produit pour être heureux, alors que ce n’est pas vrai».
• Profitez du replay :
De plus en plus de chaînes proposent des applications sur tablettes et smartphones pour prolonger encore l’expérience télévisuelle de façon interactive, par exemple, en facilitant les échanges sur les réseaux sociaux.
Selon moi, le principal risque est qu’un enfant se sente obligé, pour profiter de ces gadgets sociaux, de regarder une émission en direct, diffusée le soir, alors que cela va diminuer la qualité de son sommeil sur au moins deux jours : il va se coucher plus tard que d’habitude le samedi soir, par exemple, va mécaniquement décaler son heure d’endormissement le dimanche soir, mais devoir se réveiller le lundi matin pour se rendre à l’école et traîner cette fatigue toute cette journée, avec les risques d’irritabilité et les difficultés de concentration que cela implique.
Les parents doivent résister à la demande de leurs enfants qui vont vouloir regarder les émissions en direct pour profiter des médias sociaux.
Ils doivent, au contraire, obliger leurs enfants ou pré-adolescents à regarder leurs émissions préférées en «replay», par petits morceaux (la fameuse demi-heure d’écrans par jour) et le week-end, ou en semaine, à un moment de la journée (entre 17H et 19H) qui ne nuise pas à leur concentration ou à la qualité de leur sommeil.
• la télé-réalité :
Les programmes de télé-réalité ont beaucoup de succès auprès des jeunes. En mars 2013, la mort dramatique d’un candidat dans une émission de télé-réalité a brutalement rappelé aux adultes et aux enfants une réalité souvent refoulée, car gênante : les candidats qui participent à ces émissions endurent des souffrances physiques ou psychologiques. A cause de cette réalité niée, certains enfants peuvent croire que « faire mal » (harcèlement moral, bagarre…) ne fait pas si mal que cela, finalement…
D’autre part, ces émissions renforcent un travers de l’enseignement pratiqué dans les écoles, les collèges et les lycées français : le culte de la performance et de l’individualisme. Le comble étant sans doute Koh-Lanta, où le vainqueur doit forcément trahir ses coéquipiers. Or ce culte de la performance individuelle va à l’encontre des qualités désormais recherchées par les entreprises, qui ont besoin de salariés capables de changer régulièrement d’équipes pour travailler sur des projets différents. Les pays scandinaves l’ont très bien compris : là-bas, des réseaux sociaux sont utilisés par les collégiens et les lycéens pour faire leur devoir ensemble, en équipes.
• le journal télévisé :
Selon moi, un enfant de moins de onze ans n’est pas armé pour regarder un journal télévisé, en termes de compréhension des enjeux et de résistance à la violence de certaines images. Et après onze ans, le journal télévisé doit être regardé avec les parents, pour que ces derniers partagent leurs commentaires avec leurs enfants. Et surtout pas pendant les repas, qui doivent rester un moment de convivialité et de discussion.
Je me rappelle être arrivé la veille d’une série d’interventions devant des élèves en province. J’ai été invité à dîner par la responsable de l’association des parents d’élèves dans sa famille. Nous avons mangé devant la télé. Au moins, je savais pourquoi je venais…
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Télé-réalité : «On fait croire aux enfants que "faire mal" ne fait pas si mal»
J‘ai été interviewé par Olivier Dumons, du Monde, sur l’impact de la télé-réalité, mais aussi des journaux télévisés, sur les enfants :
• Les programmes de télé-réalité rencontrent un énorme succès auprès des jeunes. Et ce, dès le plus jeune âge. Quels sont les risques d’un tel engouement ?
• Le prolongement de l’expérience télévisuelle sur les réseaux sociaux constitue-t-il un risque pour les enfants et les adolescents ?
• A quel âge un enfant est-il en mesure de regarder, seul, la télévision en général, et les journaux télévisés en particulier, qui n’échappent pas aux plus jeunes ?
Retrouvez mes réponses à ces trois questions sur le site du Monde , en dessous de l’interview de Nathalie Nadaud Albertini, sociologue des médias dont je ne partage pas du tout l’analyse, en particulier lorsqu’elle parle de «compétition non concurrentielle» (sic) :
www.lemonde.fr/culture/article/2013/04/12/la-tele-realite-en-questions_3158903_3246.html