Category Archives: Sommeil

Comment expliquer à un ado que passer trop de temps sur son smartphone est mauvais pour son sommeil, sa concentration et sa… liberté ?

Notre fils se rebelle contre le logiciel de contrôle parental que nous avons installé sur son téléphone. C’est l’occasion de discuter avec lui de l’impact des écrans sur son sommeil, du modèle économique de ses réseaux sociaux préférés et des méfaits de la pornographie.

Nous avons, ma femme et moi, trois enfants dont un adolescent de 15 ans et demi, à qui nous venons d’offrir, pour son entrée au lycée, un beau téléphone. C’est un modèle sorti il y a plus d’un an, mais comme tout smartphone c’est un véritable petit ordinateur connecté en permanence à Internet et à toutes ses tentations.

Comme sur son précédent appareil, nous avons installé un logiciel de contrôle parental qui nous permet d’interdire à notre fils l’accès à certains sites et de limiter le temps qu’il passe sur son écran.

Alors, bien sûr, à 15 ans, il rue dans les brancards, arguant qu’il en assez d’être ainsi « tenu en laisse » !

Paradoxalement, ces moments de contestation sont les bienvenus. Car ce sont autant d’occasion de dialoguer avec lui et de lui rappeler que :

• le smartphone est un outil extraordinaire, sans doute l’outil de communication le plus sophistiqué que l’humanité ait inventé jusqu’à présent et que c’est très bien qu’il s’en serve pour construire une partie de sa vie sociale.

Mais que :

• plus il regardera d’écrans dans la journée, plus il dormira mal.

« L’exposition prolongée, le soir, même à de très basse intensité (environ 20 lux pour un smartphone […]) dérègle l’horloge biologique », comme l’explique Claude Gronfier, de l’institut cellule souche et cerveau (Inserm) dans un article paru sur lejournal.cnrs.fr. et consacré aux Derniers mystères du sommeil. Sans parler des SMS reçus la nuit, qui rallument le téléphone et qui, semble-t-il, « ont de fortes chances de perturber l’horloge de sujets même endormis… »

• plus il dormira mal, plus il aura du mal à se concentrer en class, moins il retiendra facilement les démonstrations de ses enseignants et plus il devra travailler le soir pour apprendre ses cours !

• le modèle économique des réseaux sociaux qu’il utilise plusieurs fois par jour pour discuter avec ses camarades est basé sur la distraction, la “captation” de l’attention : plus ces applications lui envoient de notifications (les petites alertes qui apparaissent sur les smartphones même lorsque ceux-ci sont en veille), plus il va prendre son téléphone en mains, passer du temps sur ces réseaux sociaux qui vont en profiter pour lui afficher de la publicité et gagner ainsi de l’argent. Autrement dit, ces applications sont conçues dès le départ pour nous “accrocher” et réduire ainsi un peu notre liberté.

• le cerveau humain est tel que, habitué à avoir un smartphone à la main, si notre téléphone est posé sur notre bureau, même s’il ne vibre pas, même s’il n’y a pas d’appel ou de notification, machinalement, au bout d’un moment, nous allons nous en emparer pour voir s’il ne se passe pas quand même quelque chose dans nos mails, dans les news… (lire à ce sujet le livre de Jean-Philippe Lachaux Les Petites Bulles de l’Attention – Se concentrer dans un monde de distractions)

Nous rappelons à notre enfant que plus il passera de temps sur son smartphone, moins il en disposera pour se cultiver, développer sa curiosité en lisant des livres, la presse.

Il ne doit pas se replier sur son smartphone mais, au contraire, s’ouvrir sur le monde.

• la pornographie (mais aussi certaines séries télévisées très prisées par les adolescents dans lesquelles s’enchaînent les relations sexuelles) ne représente pas la réalité des sentiments amoureux.

Bien sûr notre enfant va mûrir et nous pourrons bientôt remplacer, par de simples messages d’avertissement, les blocages qui l’empêchent actuellement d’utiliser son smartphone en cas de dépassement de durée ou de tentative d’accès à des sites inappropriés ; puis, nous supprimerons définitivement ce contrôle parental.

Mais pour l’instant, il bénéficie encore, non pas d’une laisse, mais d’un filet de protection.

L’agence nationale française chargée de la sécurité sanitaire recommande un usage raisonnable du téléphone mobile par les enfants

RapportAnsesOndesEnfantsDans une nouvelle étude, l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) estime que les ondes des téléphones mobiles peuvent avoir des effets sur les fonctions cognitives et le bien-être des jeunes. Elle recommande donc aux parents d’encadrer l’utilisation du téléphone portable par les enfants et les adolescents.


L’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) a publié ce matin un avis et un rapport intitulés « Exposition aux radiofréquences et santé des enfants ».


Elle y constate :


1 « une forte expansion des nouvelles technologies chez » les enfants et les adolescents. En particulier, « les enfants possèdent leur propre téléphone mobile de plus en plus précocement, même si l’âge de la première utilisation se situe actuellement rarement avant 7 ans » ;


2 que les enfants sont plus sensibles que les adultes aux radiofréquences. « Des modélisations numériques de l’exposition de la tête montrent que, pour des raisons anatomiques […], les enfants peuvent être plus exposés que les adultes […].»


3 que les valeurs limites d’exposition réglementaires et les indicateurs d’exposition ne sont pas forcément adaptés aux enfants. « Ceci signifie que pour des personnes de petite taille (inférieure à 1,30 m), les valeurs limites d’exposition réglementaires […] ne seraient pas suffisamment protectrices pour éviter un dépassement des restrictions de base (DAS*) »


L’Anses estime que les données actuelles ne permettent pas de conclure à l’existence ou non d’un effet des radiofréquences sur : 

  • le comportement des enfants ; 
  • les fonctions auditives des enfants ; 
  • les effets tératogènes et le développement des enfants ; 
  • le système reproducteur mâle et femelle des enfants ; 
  • les effets cancérogènes ; 
  • le système immunitaire des enfants ; 
  • la toxicité systémique. 
En revanche, l’Anses estime que les données actuelles permettent de conclure à un effet possible des radiofréquences sur : 
  • les fonctions cognitives des enfants, telles que la mémoire, le raisonnement, les fonctions exécutives, l’attention…  « Les résultats montrant des effets aigus se basent sur des études expérimentales dont la méthodologie est bien maîtrisée » ; 
  • le bien-être des enfants (apparition de troubles généraux tels que maux de tête, larmoiement, anxiété, troubles du sommeil, acouphène, mal au pouce, fatigue à l’école…). « Ces effets pourraient cependant être liés à l’usage du téléphone mobile plutôt qu’aux radiofréquences qu’ils émettent. »

Dans l’attente d’études complémentaires, l’agence recommande donc aux parents d’inciter «  les enfants à un usage raisonné du téléphone mobile, par exemple en évitant les communications nocturnes, en limitant la fréquence et la durée des appels, etc. 

__

* DAS : le DAS (débit d’absorption spécifique) est actuellement le principal indicateur utilisé pour évaluer la dangerosité d’un téléphone portable pour la santé. L’indice de débit d’absorption spécifique est un indice indiquant la quantité d’énergie véhiculée par les ondes radiofréquences reçues par l’utilisateur d’un téléphone portable, lorsque ce téléphone fonctionne à pleine puissance et dans les pires conditions d’utilisation. L’unité du DAS est le watt par kilogramme. Plus le DAS d’un appareil radioélectrique est faible, moins cet appareil est potentiellement dangereux pour la santé de son utilisateur.

Hier sur Europe 1 pour parler de la dépendance aux smartphones des… parents

J’ai été interviewé hier, jeudi 25 juin 2015,  par Wendy Bouchard après le journal de 13H sur Europe 1 au sujet d’une étude réalisée auprès de 6 117 parents et enfants dans 9 pays (dont la France) : les enfants se plaignent que leurs parents passent trop de temps sur leur téléphone, y compris lorsqu’ils sont avec leur famille.

J’ai rappelé que les parents doivent donner l’exemple s’ils veulent transmettre de bonnes habitudes à leurs enfants en termes d’utilisation des nouvelles technologies :

• éteindre son portable pendant les dîners en famille

• se connecter le moins possible le soir et durant les week-end

• lire des livres le soir à ses enfants tant qu’ils sont demandeurs : en leur lisant un livre, nous leurs donnons de l’amour, les aidons à s’endormir et leur transmettons l’amour des livres ; et, quel que soit le support (livre, tablette, ordinateur…), rien ne remplace, pour un enfant, l’ « interactivité » avec un adulte (un enfant à qui vous lisez un livre peut vous demander des explications sur un passage, la signification d’un mot…)

• plus nous passons de temps le soir devant un écran « bleu » (à peu près tous les écrans sauf les liseuses), moins la qualité de notre sommeil sera bonne

• plus un enfant passe de temps devant un écran, moins ses résultats scolaires sont bons.

Vous pouvez retrouver des extraits de mon intervention en cliquant sur ce lien :

http://ift.tt/1LKKEWi;

Les écrans sont-ils nocifs pour les yeux ou le sommeil des enfants ?

Les écrans, à l’exception des technologies en 3D, ne seraient pas plus nocifs pour les yeux des enfants que les livres qu’ils lisent.

D’après les ophtalmologistes, un enfant peut regarder de près – jusqu’à 10 centimètres – de longues heures, sans trop se fatiguer.

Mais on sait également que la vision de près prolongée “myopise”. C’est la fameuse myopie des intellectuels.

Les enfants qui poursuivent des études générales, durant lesquelles ils doivent passer beaucoup de temps à lire et à écrire, ont plus de chance de devenir myopes que ceux qui sont dans l’enseignement technique, où les travaux pratiques sont plus nombreux.

En revanche, l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) déconseille l’usage des technologies de vision en 3 D (cinéma en 3D, téléviseurs en 3D, consoles de jeux en 3D…) par les enfants de moins de 6 ans et préconise une utilisation modérée de ces mêmes technologies jusqu’à 13 ans.

En ce qui concerne le sommeil, une étude américaine estime que plus un enfant passe de temps devant les écrans, plus il a du mal à s’endormir ; il aura donc plus de mal à se concentrer en classe et ses résultats scolaires seront plus mauvais.

Une autre étude montre en particulier que l’utilisation d’un smartphone ou d’une tablette le soir retarde l’endormissement.