Dofus et Habbo : deux jeux en ligne à déconseiller aux moins de 12 ans

Les jeux en ligne gratuits constituent un business très rentable en France. 6,5 millions de Français auraient joué au moins une fois à l’univers fantastique Dofus, qui comporte une partie gratuite accessible sans limites ; et 7,5 millions de Français se sont déjà rendus dans la communauté virtuelle Habbo, dont l’accès est entièrement gratuit. Côté revenus, Dofus compterait près d’un million d’abonnés dans l’Hexagone, qui paient entre 1,80 euro par semaine et 48 euros par an. Et Habbo France drainerait 50 000 joueurs qui chaque mois dépenseraient en moyenne 10 euros en meubles virtuels. Résultat, cette petite entreprise de 15 personnes aurait enregistré en 2008 un chiffre d’affaires de 6 millions d’euros, constitué à 95% par la vente de mobilier virtuel et à 5% par la publicité.
Autant dire que les deux maisons-mères de ces jeux, Ankama pour Dofus et Sulake France pour Habbo France, ne sont pas pauvres… Pourtant, de nombreux parents trouvent que les mesures de protection proposées par ces deux entreprises ne sont pas à la hauteur de leur fortune. Beaucoup de familles se plaignent en effet de l’insécurité qui régnerait dans ces jeux, fréquentés par des 14/15 ans, voire des enfants beaucoup plus jeunes. « Mes garçons ont souvent été approchés par des adultes sur Dofus, affirme une mère de trois enfants. Comme c’est gratuit et facile à jouer, n’importe qui peut s’inscrire et utiliser le tchat pour entrer en contact avec des mineurs. »
Normalement, ces jeux en ligne ne sont pas recommandés pour les moins de 12 ans. Sur Dofus, cette précaution élémentaire est simplement indiquée au moyen d’un petit pictogramme + 12 situé tout en bas à gauche de la page d’accueil, mais rien n’empêche un enfant de dix ans de créer son compte (Dofus demande bien la date de naissance, mais cela ne sert apparemment à rien : nous avons indiqué 1998 comme année de naissance et notre compte a été créé !). Habbo semble plus vigilant, puisque ce jeu demande aux nouveaux inscrits de préciser leur date de naissance ; les moins de 13 ans sont systématiquement rejetés. Mais rien n’empêche un enfant plus jeune d’indiquer une fausse année de naissance. La porte ouverte à tous les abus ?
« Sur Habbo, il y a effectivement quelques dossiers judiciaires : des enquêteurs ont déjà dû faire des réquisitions à la société qui gère Habbo, confirme un haut gradé des services de police français. Sur Dofus, il y aurait surtout des problèmes de « piratage » de comptes, mais ça permettrait éventuellement de rentrer en contact avec les jeunes qui sont les amis des détenteurs normaux des comptes. Et il y aurait également des vols de gains obtenus sur le jeu. »
Les éditeurs, cependant, nient être au courant de toute affaire de pédophile. « A ma connaissance, il n’y a eu aucun cas de pédophilie en huit ans chez Habbo dans le monde », a affirmé, il y a quelques jours, à Vnunet.fr Jean-Baptiste Géraud, alors responsable de Sulake France (il a depuis pris la tête d’un hôtel 3 étoiles – un vrai celui-ci – à Paris !). « Nous ne déplorons aucun incident grave, commente de son côté Thomas Bahon, directeur des produits chez Ankama. Il y a bien eu quelques insultes à caractère sexuel, mais plutôt entre mineurs. »
Habbo France affirme qu’un modérateur, salarié, est présent 24 heures sur 24 et sept jours sur sept sur la partie française du jeu. « Nous en employons sept à plein temps, voire en heures supplémentaires. » Le modérateur se promène dans les salles et intervient en cas de problème signalé par les joueurs. Un système l’alerte également lorsqu’une conversation se noue entre seulement deux personnes. « Nous pensons que si un prédateur se rendait sur Habbo, il irait d’abord dans une salle pour repérer une victime potentielle, puis tenterait de l’attirer dans une autre salle pour être seul avec elle et essayer de l’amadouer », explique Jean-Baptiste Géraud.
Chez Ankama, on n’aime pas trop parler de tout cela : « Il est vrai que n’importe qui peut entrer sur le tchat, reconnaît Thomas Bahon. Mais nous avons mis en place un filtre lexical susceptible de censurer des propos inappropriés rédigés en langage clair. De plus, les joueurs ont la possibilité de bloquer un contact qui les importune. Enfin, 12 community and content managers, salariés, animent et modèrent le jeu, tandis que 30 modérateurs bénévoles se relaient sur le forum et 50 modérateurs bénévoles tournent sur le jeu. »
En revanche, les deux entreprises reconnaissent des problèmes de contestation de paiement. « En 2007, nous avons reçu une centaine de contestation de paiements par carte bancaire, représentant un total de 10 000 euros, admet Jean-Baptiste Géraud. A chaque fois, nous avons bien sûr collaboré avec la police ; il s’agissait presque toujours d’un ado qui avait usurpé la carte bancaire de ses parents. »
Chez Ankama, on a également pris conscience d’un problème de communication avec les parents. « Nous avons bien conscience que nous ne sommes pas encore au top pour aider les parents, reconnaissait Florence di Ruocco, chargée de communication chez Ankama, lors du colloque « Générationsbranchées@lienoudépendance » organisé à Lille par l’Ecole des Grands-Parents Européens Nord. Nous sommes prêts à mettre à la disposition des parents de nouveaux outils pour qu’ils assument leur rôle ».
L’entreprise serait à la recherche de développeurs Web pour mettre en place de nouvelles mesures de protection des mineurs. « A partir de janvier, pour les nouveaux comptes qui vont se créer, nous allons récupérer l’email des parents, afin que ceux-ci puissent être en copie des emails échangés entre le mineur et Ankama, au sujet des achats et de la modération », révèle à Vnunet.fr Thomas Bahon.
Autres pistes explorées : envoyer un email aux parents pour les informer du temps passé sur le jeu par leurs mineurs ; autoriser les parents à activer des alertes dans le jeu au-delà d’un certain temps (2H par exemple) passé dans le jeu, afin de prévenir les risques d’addiction ; permettre aux parents d’offrir à l’enfant une récompense sous la forme d’un bonus dans le jeu si l’enfant a eu de bons résultats à l’école. Il parait qu’un accord de ce type aurait déjà été passé entre le ministère de l’Education de Corée du Sud et le jeu Ragnarök.

Jacques Henno
(article paru sur Vnunet.fr le 23 décembre 2008)

5 thoughts on “Dofus et Habbo : deux jeux en ligne à déconseiller aux moins de 12 ans

  1. Aude

    Je ne sais pas si vous savez, mais le jeu Dofus est marqué comme PG+12, c'est affiché sur la page officielle d'où on télécharge le jeu.
    C'es pas à déconseiller c'est déjà déconseillé !

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  2. Anonymous

    Oui, mais le pictogramme 12+ qui indique effectivement que le jeu Dofus est déconseillé au moins de douze ans figure en petit sur la partie inférieure gauche de la page d'accueil de ce jeu : il faut "faire descendre la page" à l'aide du curseur pour le voir. Je doute que beaucoup de parents l'aient aperçu !

    Jacques Henno

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  3. Anonymous

    Mon fils de 11 ans joue à dofus, c'est la guerre à la maison à cela on y ajoute les problémes scolaires…5/20 moyenne générale.
    diverses maladies simulées pour ne pas se rendre à l'école.
    pour finir une facture de 300 euros que je ne peut pas payer.
    a part bloquer le jeu les problémes c'est pour moi
    c'est cher payé le jeu et je suis en tort car mon fils à utilisé froduleusement le téléphone.

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  4. Aude

    @Jacques :
    Oui, il est mal vu, c'est pour cela que je préfère préciser. Les parents sont trompés par les graphismes enfantins du jeu (un peu comme South Park qui est un dessin animé mais déconseillé aux moins de 16ans).

    Pour l'enfant de 11ans qui y joue, une vraie discussion s'impose, la paiment c'est juste pour un abonnement ça fait 7euros par mois par téléphone. L'enfant a acheté pour 40 mois de jeu, soit plus de trois ans. Il y a un problème plus profond que le simple jeu.

    J'y joue moi-même, je ne me connecte pas tous les jours en semaine et y joue quelques heures le soir en weekend si je sors pas.
    Ses mauvaises notes, ses maladies simulées… Il faudrait voir si ce n'est pas de la phobie scolaire. Dans ce cas, le jeu serait juste un refuge pour lui. Il est en 6ème c'est ça ? Il faut aussi voir s'il a des problèmes au collège, genre racket ou quoi qui pousseraient l'enfant à un tel comportement.

    Je ne pense pas que le jeu soit la cause de ces problèmes mais que c'est une des conséquences du problème initial qu'il faudrait résoudre.

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  5. Anonymous

    @ Aude
    Si je me trompe pas il est également possible d'acheter des pouvoirs ou des armes sur Dofus. La plus grande partie du jeu est gratuite et pour ceux qui souhaitent accéder à la totalité du jeu, l'abonnement démarre à 5 euros par mois.
    Aude, pourriez-vous nous préciser en quelle qualité (mère de famille ? thérapeute ?…) vous intervenez sur ce blog et nous indiquer vos éventuels liens avec Ankama, l'éditeur du jeu Dofus ?

    D'avance, merci.

    Jacques Henno

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